Une newsletter chaude comme la braise
On se détend, c'est bientôt le week-end ! Croisette, sex and fast-déco, voici le programme de cette fin de semaine
Après la fast-fashion, le fléau de la “fast-déco”
Trois ONG se sont attaquées à la dangereuse émergence de la “fast-déco” sur le marché français dans un rapport publié ce mardi. Basée sur le modèle de la fast-fashion, cette incitation accrue à la consommation a des conséquences désastreuses sur l’environnement.
Après la fast-fashion, voici venu le temps de la “fast-déco”, son équivalent pour l’ameublement et la décoration. Un modèle de surconsommation qu’ont pointé du doigt Zero Waste France, Les Amis de la Terre et le Réseau national des ressourceries et recycleries dans un rapport alarmant publié ce mardi.
Les trois ONG ont mis en lumière l’évolution de la filière de l’ameublement vers le modèle de la “fast-déco” qui présente les caractéristiques suivantes : “produits de moins en moins bonne qualité, quantités astronomiques mises en marché, prix structurellement faibles assortis d'offres promotionnelles et création permanente de nouveaux besoins.”
“Entre 2017 et 2022, le nombre d’éléments d’ameublement mis sur le marché en France a augmenté de 88 %, passant de 269 à 505 millions d’unités mises en marché, alertent les ONG. Cela représente quasiment 17 éléments d’ameublement neufs par foyer et par an.”
Un modèle aux répercussions catastrophiques pour les ressources de notre planète - notamment en bois - conduisant à la surproduction de biens et de déchets, et contribuant ainsi au changement climatique.
Une tendance accélérée par les géants de la vente en ligne
Loin d’être une nouveauté, la “fast-déco” a été lancée dans les années 1980 par le géant suédois IKEA et reprise ensuite par les autres enseignes de l’ameublement. Cette tendance s’est cependant accélérée avec l’explosion de la vente en ligne et l’arrivée de nouveaux acteurs comme Temu. De nombreux articles au prix excessivement bas sont ajoutés chaque jour à la vente.
Parmi les causes avancées par le rapport, la crise sanitaire de 2020. “Depuis les confinements dus au Covid-19, la maison a été surinvestie par ses habitant·es : […] elle a été transformée et personnalisée de façon encore plus forte qu’auparavant”, expliquent les associations avant de préciser qu’en 2021, “3,29 millions de tonnes d'éléments d'ameublement ont été mises sur le marché, soit 547 millions d'unités d’après l’Ademe.”
Les ONG exhortent plus que jamais les consommateurs à privilégier les solutions de réemploi ou de réparation pour allonger la durée de vie des objets et ainsi freiner ce phénomène de surconsommation.
Anna Mexis
“À l’heure où le public n’a jamais eu autant besoin d’être bien informé sur les crises écologiques [...] cette tendance [...] rappelle l’urgence de faire émerger les prochains grands médias du climat.”
Après l’annonce de la suppression par Radio France et France Télévision de quatre émissions consacrées à l’environnement, Loup Espargilière, rédacteur en chef du média écologique Vert, a réagi mardi sur X.
Rejouis, la startup verte du plaisir sans culpabilité
Dans une perspective écologique, une start-up française propose des sex-toys de seconde main. Une première en Europe.
Des rabbit, womanizer, plug et autres jouets intimes en acier, en verre ou en silicone médical réutilisables, c’est ce que propose l’entreprise Rejouis. En revendant des sextoys de seconde main, l’entreprise repose sur l’économie circulaire et réduit la production de déchets. Un rapport de l’ONU publié en mars rappelle que “moins d’un quart des 62 millions de tonnes de déchets électroniques (dont les jouets pour adultes) en 2022 ont été recyclés, entraînant des pollutions de métaux lourds, de plastiques et de produits chimiques toxiques”.
L’entreprise basée dans l’Orne s’appuie aussi sur une économie locale. Tout particulier qui le souhaite peut revendre son sextoy auprès de Rejouis qui le rachète avant de le désinfecter et de le commercialiser sur son site. Une alternative qui permet de limiter les longs transports polluants, à l’échelle européenne. Surtout lorsque que l’on sait que 70 % des jouets intimes sont fabriqués en Chine.
Aussi chaud que le climat
Cette boutique en ligne normande vend des sextoys déjà utilisés mais désinfectés suivant un protocole strict. Les produits sont lavés avec du savon, puis avec un produit chimique respectant l’hygiène intime, mis sous quarantaine pendant 48 h, avant de passer sous une lampe UVC qui détruit le moindre germe. Un processus suivi par un médecin généraliste spécialiste des infections sexuellement transmissibles (IST).
Rejouis séduit ses consommateurs en les rassurant sur l’hygiène mais aussi sur le prix. Les sextoys sont entre 20 % et 30 % moins chers que sur le marché du neuf. Des prix qui montent parfois très haut, comme un “Womanizer – Premium 2” vendu près de 200 € neuf contre environ 150 € d’occasion. Même si les prix peuvent être affolants, pas sûr qu’ils effraient les 51% de Français qui reconnaissent avoir déjà utilisé un objet intime, selon un sondage Ifop pour le site passagedudésir.fr.
Camille Pigois
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C’est le nombre de poids lourds qui ont été nécessaires à transporter les décors et tenues de scène de la chanteuse américaine Taylor Swift lors de sa dernière série de concerts à Paris. On ignore encore le bilan carbone de sa tournée mondiale, mais les estimations sont pessimistes.
Le Festival International du Film Écologique fait son cinéma
Cinq jours après le Festival de Cannes, le Festival International du Film Écologique et Social (FIFES) ouvrira ses portes dans la ville du sud de la France. Du 30 mai au 2 juin, seront placés sous les projecteurs “celles et ceux qui font du cinéma un média d’expression et d’engagement”.
“Nous souhaitons mettre en lumière les initiatives écologiques et sociales afin de sensibiliser, enseigner et transmettre les possibles et créer ainsi de nouveaux imaginaires qui ont pour mission d’être incarnés par des initiatives citoyennes”, assure le festival.
Au programme de cette quatrième édition : six films de la compétition internationale et quatre films de la compétition jeunesse. François Gemenne, co-auteur du sixième rapport du GIEC, sera également présent pour une conférence lors de la journée d’ouverture. L’occasion de remettre au centre des débats l’impact de l’industrie du cinéma sur la planète.
Le cinéma, nouvel outil du soft power climatique saoudien
Dans la catégorie greenwashing, la palme d’or revient à l’Arabie Saoudite. La semaine dernière, la dixième édition du festival du film saoudien, du 2 au 9 mai, a récompensé le meilleur documentaire environnemental. La réalisatrice Lilou Lemaire obtient ce prix pour son film Horizon sur la biodiversité du pays. Cette nature est menacée par la montée des eaux et la sécheresse. Des conséquences du dérèglement climatique, amplifiée par la combustion des énergies fossiles dont l’Arabie Saoudite est le deuxième producteur mondial.