Une candidat écolo aux européennes répond à nos questions !
L'empreinte carbone d'une campagne électorale, la fin des centrales à charbon et l'ultime rencontre entre le monde agricole et le gouvernement sont au programme ce jeudi.
Des agriculteurs apaisés au prix d’écolos en colère
Ce jeudi, le gouvernement rencontre les acteurs du monde agricole et espère mettre fin à la crise du secteur. De leur côté, les ONG de défense de l’environnement s’inquiètent pour la sauvegarde des sols.
Rendez-vous au sommet aujourd’hui. Emmanuel Macron reçoit à l’Elysée les syndicats agricoles et les représentants des filières pour “évoquer les perspectives de l’agriculture française et européenne”. L’objectif : mettre un terme, pour de bon, à la colère des agriculteurs et à la crise qui secoue la France depuis le début de l’année.
Samedi dernier, en déplacement dans la Manche, le Premier ministre a présenté 14 mesures “complémentaires” pour sortir de la crise agricole. Entre autres, un plan d’aide aux Pyrénées Orientales, à l’Aude et à l’Hérault, trois départements frappés par les crises météorologiques. Ces mesures ont été saluées par les deux principaux syndicats agricoles, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs.
Le plan Ecophyto revu à la baisse
Un écho positif chez les agriculteurs, mais pas pour les ONG environnementales. Dans le viseur de celles-ci, la promesse du gouvernement d’une nouvelle version, publiée début mai, du plan Ecophyto. Mis en pause pendant les manifestations des agriculteurs, Ecophyto avait pour objectif de diminuer de moitié les pesticides utilisés d’ici 2030. Sa suspension le 1er février a déclenché la colère des associations de défense de l’environnement.
Mais pour calmer la crise agricole, le gouvernement a promis de redessiner le cadre du plan Ecophyto. Pour cela, il devrait être fondé sur un indicateur déjà utilisé à l’échelle européenne, tandis que la France utilisait le sien jusqu’ici. Seulement, ce nouvel indicateur “ne prend pas en compte tous les éléments d'analyse de risque justifiant la réduction des usages, déplore l’ONG Humanité & Biodiversité. C'est en particulier parce qu'il se base sur la seule évaluation a priori des risques de chaque produit.”
L’environnement oublié
Le gouvernement s’engage également à accélérer 50 projets agricoles de stockage d’eau ou d’irrigation d’ici juin, et 50 autres d’ici la fin de l’année. Pour l’association Agir pour l’environnement, ces mesures “cèdent à toutes les exigences cyniques des syndicats productivistes” et oublient la sauvegarde de l’environnement.
Mardi, le projet de loi d’orientation agricole a commencé à être examiné. Son pari est de motiver de nouvelles générations à devenir agriculteurs en les délestant de certaines contraintes environnementales. Le texte est attendu le 14 mai à l’Assemblée nationale.
Juliette Vieban
“Ceux à qui nous avons construit des maisons plutôt que des huttes traditionnelles ne sont pas mécontents”
C’est ce qu’a déclaré Patrick Pouyanné, lors de son audition au Sénat. Le PDG de TotalEnergies était interrogé par les sénateurs sur des projets contestés à l’étranger, comme en Ouganda et en Tanzanie. Une réponse qui s’apparente à du “néocolonialisme”, selon le sénateur PS Michaël Weber.
Flora Ghebali, candidate aux européennes : “Je veux protéger l’économie, les entreprises et les travailleurs”

Connue pour ses chroniques sur RMC, l’entrepreneuse Flora Ghebali se lance désormais en politique. Elle figurera en 11ème position sur la liste des Écologistes pour les élections européennes. Dans un entretien accordé à “Chaud devant !”, elle se dit prête à investir Bruxelles pour accompagner les entreprises dans leur transition.
Pourquoi vous lancer en politique ?
Je fais du conseil en transition écologique et sociale pour les entreprises. Ce qui revient en permanence, c’est l’absence d’un cadre légal précis. Sans lui, il est très compliqué pour les entreprises d’avancer, même si elles sont volontaires, puisque cela les place en marge de leur marché, de leurs concurrents. Le Pacte vert m’a également convaincue de me lancer. C’est la révolution écologique qu’on attendait. Nous avons enfin les outils pour transformer nos économies.
Pourquoi choisir la liste des Écologistes menée par Marie Toussaint et pas une autre ?
Marie Toussaint a fait ses preuves, que ce soit avec l’Affaire du siècle [qui a condamné l’inaction climatique de l’État] ou le vote du crime d'écocide. Les Écologistes sont les seuls à avoir compris que nous sommes interdépendants avec les êtres vivants. Le Parti socialiste n’a pas encore fait ce changement de paradigme. Il va considérer que le climat est important, mais comme plein d’autres sujets le sont.
En 2020, vous étiez candidate sur la liste d’Agnès Buzyn (LREM) aux élections municipales à Paris. Êtes-vous déçue par le bilan d’Emmanuel Macron ?
Je ne suis pas dogmatique, je m’en fous un peu des partis. Le problème avec Emmanuel Macron, c’est qu’il abîme la cause. Je suis très en colère parce que non seulement il n’est pas écolo, mais en plus il nous fait croire des choses. Pour la démocratie, c’est très dangereux. Le principe de gouverner, c’est de donner la direction et nous emmener quelque part. Lui, il fait un pas à droite, puis un pas à gauche… C’est insoutenable.
On vous a reproché d’être une “influenceuse de l’écologie bourgeoise”. Faut-il être radical pour être écolo ?
La radicalité, ça veut dire revenir à la racine d’un problème. Je suis radicale puisque je crois que nous devons repenser notre façon de faire société. On souffre beaucoup de la pureté militante. Je milite pour que tout le monde puisse avoir le droit d’être écologiste car plus la famille écolo s’ouvre, mieux elle se porte. Ce n’est pas parce que vous mangez de la viande, que votre comportement n’est pas parfait et que vous n’êtes pas légitime à rejoindre cette cause.
En un mot, quelle est l’écologie que vous souhaitez porter à Bruxelles ?
Inclusive. Je ne suis pas contre les entreprises, il faut laisser les entrepreneurs créer des choses. Il faut juste que nous soyons capables d’intégrer l’économie dans les limites planétaires, cela me paraît tout à fait raisonnable. Ce que je veux, c'est protéger l’économie, protéger les entreprises et protéger les travailleurs.
Propos recueillis par Hicham-Mehdi Zemrani
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C’est le nombre de projets qui échappent au dispositif zéro artificialisation nette (ZAN) sur décision du ministère de la Transition écologique. Cela représente près de 12.000 hectares qui ne sont finalement pas protégés face à la pression des activités humaines. Le très controversé projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres fait partie des exceptions à la loi.
Dites au revoir aux centrales à charbon
Une annonce historique. Les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) se sont engagés mardi lors d’un sommet à Turin à fermer leurs centrales à charbon d’ici 2035. Cela concrétise les promesses faites en décembre à Dubaï lors de la COP 28. Cette avancée importante a été arrachée après une longue bataille avec le Japon. Le pays est le seul membre du G7 à ne pas disposer de plan national de sortie du charbon. Pour les autres États, l’objectif a néanmoins été revu à la baisse : l’échéance est prévue en 2035 au lieu de 2027 pour la France par exemple.
Ce pas en avant ne convainc pas totalement les associations environnementales et les experts. L’ONG 350.org assure que cette annonce ne répond pas à l’objectif de l’Accord de Paris de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Selon l’institut Climate Analytics, il faudrait aussi arrêter le recours au gaz pour atteindre les objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre.
Les campagnes électorales, ça pollue !
Les élections européennes ont lieu dans moins de 40 jours. Mais au fait, quel est l’impact environnemental des tracts, meetings, affiches et compagnie ? En 2012, le cabinet de conseil B&L Évolution s’était penché sur la question. Les cinq principaux candidats à l’élection présidentielle (F. Hollande, N. Sarkozy, M. Le Pen, J-L. Mélenchon et F. Bayrou) avaient émis 13.250 tonnes équivalent CO2. Cela correspond à pas moins de 1.300 tours du monde en voiture…
Conscients d’une telle empreinte carbone, certains politiques cherchent à la réduire et s’en servent même comme un argument électoral. En 2021, Jean-Luc Mélenchon assurait sur Twitter se déplacer uniquement en train pour la campagne présidentielle, “sauf impossibilité”. Et quelques mois plus tard, il quittait son discours de rentrée sur l’urgence climatique à bord d’un 4x4…