Réacteurs nucléaires : le compte n'y est pas
Au programme de la newsletter éco : le climat en danger face à Trump, un réacteur nucléaire qui rapporte peu et des skis en bois dans les Pyrénées....
La rentabilité du réacteur nucléaire de Flamanville jugée “médiocre”
Le 14 janvier, la Cour des comptes a publié son deuxième rapport sur la filière du réacteur pressurisé européen (EPR). Il souligne le manque de rentabilité de l’EPR de Flamanville (Manche). Les incertitudes liées à la construction de six nouveaux réacteurs en France sont aussi pointées du doigt. Décryptage.
“Médiocre”. Voilà comment la Cour des comptes qualifie la rentabilité du réacteur nucléaire de Flamanville dans son rapport sur la filière EPR du 14 janvier. Les propos de l’institution s’appuient sur une hypothèse : si les foyers alimentés par le réacteur de Flamanville déboursent moins de 90 euros par mégawattheures (MW/h), la rentabilité de l’EPR serait de moins de 2%.
Problème : la construction de l’EPR Flamanville a été onéreuse à cause d’un retard conséquent. Prévue pour 2012, l’ouverture du réacteur a eu lieu en décembre dernier. Résultat : le chantier a mobilisé 23,7 milliards d’euros au lieu des 3,3 initialement prévus.
Dans son rapport sur la filière EPR de 2020, la Cour analyse la raison de cette hausse. Tout commence dans les années 1990. Deux entreprises françaises du secteur de l’énergie, Areva et EDF, ont des ambitions divergentes sur la filière EPR. Areva signe un contrat avec la Finlande. EDF, elle, souhaite développer des réacteurs français. EDF voulant dépasser Areva, la construction de l’EPR de Flamanville se fait dans la précipitation. Les défauts et le retard s’accumulent.
Les projets EPR à l’étranger en péril
Face à tous ces risques, la Cour des comptes est catégorique. EDF doit s’assurer d’être capable de financer ses prochains projets. Cette recommandation concerne notamment la construction de six EPR 2, une version améliorée, en France. Annoncés par Emmanuel Macron en 2022, les premiers réacteurs EPR 2 devraient voir le jour en 2038. La facture est de plus en plus salée. En décembre 2023, le montant s'élève à 67,4 milliards d’euros. Soit 30 % de plus qu’en février 2022.
Et les signaux extérieurs sont loin d’être concluants. EDF s’est lancé dans des chantiers d’EPR à l'étranger. Tous sont en retard et coûtent plus chers. Pour Reporterre, Pierre Moscovici, premier Président de la Cour des comptes, prend l’exemple du retard du chantier à Hinkley Point au Royaume-Uni : « L’objectif de mise en service a de nouveau été repoussé entre 2029 et 2031, après avoir déjà été décalé de 2022 à juin 2027. »
Plutôt silencieux depuis la sortie du rapport, la réponse de l’État se fait attendre.
Ludivine Dewulf
“Nous devons chercher des économies”.
Annie Génevard, ministre de l’Agriculture, a déclaré au Sénat vendredi 17 janvier qu’elle trouvait pertinent de supprimer l’Agence Bio. Cette mesure, qui devrait permettre de faire trois millions d’euros d’économie dans le budget de l’agriculture, a été adoptée dans la foulée. Au grand dam des élus écologistes, bien que les aides à la filière bio devraient être maintenues.
Trump 2.0 : C’est le jour 1, de celui qui revient
Donald Trump a été investi 47e président des États-Unis, ce lundi 20 janvier. Son second mandat s’annonce déjà plus dur que le premier vis-à-vis du changement climatique. Les premiers bénéficiaires ? les entreprises pétrolières et les climatosceptiques.
Tic tac, tic tac. Le compte à rebours a commencé. L’écologie aux États-Unis n’a plus que quatre ans à purger avec Donald Trump pour geôlier. Le New-Yorkais a été officiellement investi pour son deuxième et dernier mandat, il y a un peu moins de 24 heures.
Pour bien commencer ces quatre années de *gare aux éco-anxieux*, Chaud devant ! vous dresse un aperçu de ce qui attend l’économie durable et moins durable. Accrochez-vous car Trump l'a promis pendant sa campagne, ça va « forer à tout va ».
« Fore, chéri, fore »
« Toute personne ou entreprise investissant UN MILLIARD DE DOLLARS OU PLUS aux États-Unis recevra des autorisations environnementales et des permis de manière accélérée. SOYEZ PRÊTS ÇA VA ROCKER!!! » (traduit en français), a publié Donald Trump sur son réseau social Truth social le mardi 10 décembre 2024.
De quoi inciter les entreprises à « drill, baby, drill » (« fore, chéri, fore »). Son leitmotiv illustre sa volonté de revenir en arrière sur les avancées environnementales initiées par Joe Biden. Trump souhaite « réparer l’économie américaine ».
Lors de son discours d’investiture, hier, il a réaffirmé vouloir détricoter l’Inflation Reduction Act, le plus vaste programme en faveur du climat dans l’histoire des États-Unis et les normes environnementales sur les énergies fossiles et le gaz naturel liquéfié. Il souhaite même s’attaquer aux crédits d’impôt à l’achat de véhicules électriques qu’il considère comme une « transition vers l’enfer ».
Le retour du climatoscepticisme décomplexé
Au-delà des mesures que Donald Trump va prendre, c’est un état d’esprit climatosceptique qu’il banalise et répand. De grandes banques américaines et les plus importants gestionnaires d'actifs comme BlackRock, ont quitté des coalitions zéro carbone. Ces acteurs financiers vont retrouver de la liberté pour soutenir des projets d’énergies fossiles.
Cette vague climatosceptique risque de rencontrer de la résistance dans les tribunaux et de la part des États progressistes comme la Californie. Mais le média britannique sur l’écologie Carbon Brief, a estimé que le mandat de Trump pourrait générer d’ici 2030 des émissions de CO₂ équivalentes à la production annuelle de l’Europe et du Japon réunis.
Plus que 1461 jours à tirer en espérant un autre MAGA : Make America Green Again
Valentin Valette
30 000 m3
C’est la quantité de boues industrielles enfouie près de l’usine Téfal de la ville de Rumilly en Haute-Savoie. L’entreprise est accusée d’avoir déposé dans plusieurs points de la ville l’équivalent de 2 000 camions bennes de déchets contaminés aux polluants éternels. L’enquête de Reporterre a révélé que ces dépôts constituent des sources de contamination aux PFAS, qui seraient toujours actives dans un quartier résidentiel de Rumilly.
Une société britannique lève 25 millions de dollars pour faire progresser le suivi de la biodiversité
NatureMetrics, une société mondiale innovante spécialisée dans le suivi de la biodiversité, a annoncé ce mardi 14 janvier avoir levé 25 millions de dollars pour accélérer ses recherches. Sa plateforme de nature intelligence alimentée par de l’ADN environnemental (eDNA), fournit des informations sur la biodiversité aux entreprises et aux organisations de conservation.
Le PDG de NatureMetrics, Dimple Patel, a déclaré via un communiqué de presse de la société : « Les entreprises ne peuvent plus se permettre d’ignorer leur impact sur les écosystèmes. Cet investissement nous permettra d'accélérer notre solution, ce qui aidera les entreprises à comprendre la nature et de prendre des décisions en connaissance de cause. »
Pour les aider dans leur objectif, les équipes de NatureMetrics vont pouvoir élargir leurs capacités, notamment avec de l’intelligence artificielle (IA). C’est une bonne nouvelle car le Forum économique mondial classe la perte de biodiversité et l’effondrement des écosystèmes comme le deuxième risque mondial le plus important au cours de la prochaine décennie.
Le retour du business des skis en bois dans les Pyrénées
Dans les Pyrénées, Jack Fauvel crée des skis en bois. Une première dans la région depuis une vingtaine d’années. Avant lui, seul l’ébéniste Felix Villacampa en concevait. Pourquoi avoir fondé une nouvelle entreprise de skis? "J'aime bien l’idée de recréer quelque chose à l’endroit où cela a existé", explique Jack pour TV5 Monde. Les skis “Villacampa” de Jack Fauvel honorent ainsi le nom de leur prédécesseur.
Pour créer ses skis, le créateur fait venir de l’ébène blanc du Laos. La paire passe ensuite dans une presse à skis. Et le tour est joué. À ce rythme, il produit une quarantaine de skis chaque année. Pour les acheter, il faut compter 900 à 1 500 euros.