Lufthansa, comme si l'avion était écologique
Au programme ce mardi, des comptes carbone dès le 30 février 2026, être écolo rapporte 256 euros à la société, les trains Paris-Milan de retour et la douche pour se faire des sous.
Un compte carbone bientôt obligatoire pour les Français
À partir de 2026, les Français se verront débiter deux comptes à chaque achat : un bancaire et un carbone. Le gouvernement vient d’adopter cette mesure par décret. Il espère ainsi appeler à la responsabilité de chaque citoyen dans la transition vers la sobriété écologique.

Un poulet acheté, un kg d’équivalent carbone en moins. À partir du 30 février 2026, chaque achat sera compté. François Bayrou vient de signer un décret mettant en place un compte carbone citoyen. Il limite son détenteur à consommer un plafond de kg d'eqCO2 (équivalent carbone, unité de mesure pour évaluer l’impact d’un gaz à effet de serre). 8.000 pour les adultes. 4.000 pour les enfants.
Il baissera chaque année de 6 %. Les adultes ne pourront consommer que 7.520 points de carbone la deuxième année, 7.069 points la troisième, etc. Le compte carbone sera débité à chaque achat, comme un compte bancaire. Toutes les données seront stockées dans un data center, à Limoges (Haute-Vienne).
Une semaine de vacances dans une ferme écologique, un mois de menus gratuits dans un restaurant vegan… Voici certains des lots à gagner pour ceux qui respecteront leur nombre de kg de carbone.
3.000 à 6.000 euros de gains annuels
Les autres pourront acheter des crédits carbone à ceux qui en auront encore lors de ventes aux enchères mensuelles. De quoi créer des dérives pour Grégoire Talbot, expert en bilan carbone : « Si des stars mettent leurs crédits carbone aux enchères, tout le monde va se les arracher. Les prix vont exploser ! » Les gens ne peuvent acheter des crédits carbone d’autrui que cinq fois par an.
Ces enchères restent une aubaine pour les plus pauvres. Les 50 % les plus modestes consomment environ cinq tonnes par an selon une étude de l’économiste Lucas Chancel, du Laboratoire des inégalités mondiales. Selon le cours du crédit carbone, les foyers sobres pourraient gagner de 3.000 à 6.000 euros par an.
Les entreprises, elles, ne veulent pas perdre leurs clients. « Les entreprises afficheront l’impact carbone de tous leurs produits et services. Elles devront le réduire au plus vite pour rester compétitives », détaille Armel Prieur, coanimateur du Comptecarbone.cc.
Des entreprises ont publié des fiches de postes de tueurs de carbone. Ils doivent analyser les chaînes de production pour trouver les étapes qui émettent trop de carbone. Si vous rêvez d’éradiquer les émissions de CO2, cet emploi est fait pour ce poisson d’avril. Promis, c’est le seul de cette newsletter, vous pouvez reprendre votre lecture sereinement.
Ludivine Dewulf et Léonie Cadon
“Aujourd’hui, on sait modéliser les risques à la main, mais l’IA va permettre un gain de productivité très important, et donc réduire les coûts pour les investisseurs.”
C’est ce qu’a déclaré à L’info durable Matthieu Silva Santos, directeur de la clientèle de la plateforme d’investissement responsable Goodvest, le 24 mars dernier. L’intelligence artificielle permettrait aux entreprises de mieux connaître le score environnemental, social et de gouvernance (ESG) des entreprises qui évalue notamment l’empreinte carbone d’une société.
Lufthansa condamnée pour greenwashing
La compagnie aérienne laisse croire à ses clients qu’ils peuvent payer plus et voyager sans émettre de CO2. Interpellé par une association environnementaliste, le tribunal de Cologne (Allemagne) a condamné Lufthansa pour sa publicité mensongère.

«Tous les projets permettent soit de réduire les émissions de CO2 à long terme, soit de les piéger dans l'atmosphère. » Voici le slogan de Lufthansa, pour promouvoir son engagement en faveur de la transition écologique.
Bien loin de la réalité, selon le tribunal de Cologne. La justice allemande a condamné la compagnie aérienne pour publicité mensongère. Selon le jugement, rendu lundi 24 mars, Lufthansa n’a pas concrètement expliqué à ses clients comment le CO2 émis lors des vols pouvait être compensé. Le slogan de la compagnie allemande laisse également penser qu’il est possible de voyager sans émettre de CO2 en payant un crédit, ce que le tribunal estime « incontestablement » faux.
Vendre une bonne conscience
Le jugement fait suite au dépôt de plainte d’une association de protection de l’environnement allemande, Deutsche Umwelthilfe, contre le groupe qui détient entre autres Lufthansa. Le directeur de l’association, Jürgen Resch, a salué la décision du tribunal dans un communiqué. « Le transport aérien compte parmi les secteurs les plus [polluants]. Vendre une bonne conscience en échange de paiements est donc particulièrement répréhensible ».
La compagnie aérienne a répondu avoir examiné le jugement « avec soin ». Pour le moment, le site internet propose toujours d’acheter des Green Fares. Pour les trajets intercontinentaux, il existe différents tarifs qui permettraient de réduire de « 10% les émissions de carbone liées aux vols individuels grâce à l’utilisation de Sustainable Aviation Fuels (SAF). Le reste (90 %) sera compensé en contribuant à des projets de lutte contre le changement climatique de grande qualité. »
Le carburant durable, un produit rare et cher
À ce surplus facultatif, s’ajoute un autre, obligatoire. En janvier 2025, Lufthansa avait annoncé augmenter le prix de ses vols à partir des pays européens pour répondre « aux exigences environnementales ». L’Union européenne impose aux compagnies aériennes des quotas pour remplacer progressivement le kérosène par des carburants plus durables, les SAF. Ces derniers sont très peu produits, et donc trois à cinq fois plus chers que le kérosène, selon Lufthansa.
Léonie Cadon
256 euros
C’est la somme que peut gagner la société pour une tonne de CO2 évitée. Dans un rapport publié le 20 mars dernier, l’organisme public France stratégie a réévalué « la valeur de l’action climat ». C'est-à-dire le gain socio-économique attendu pour chaque tonne de CO2 évitée. Il y a six ans, la tonne de CO2 évitée rapportait 197 euros.
Paris-Milan remis sur les rails
Les plus matinaux embarquent à 6 h 46, ce lundi, pour Milan (Italie) depuis la Gare de Lyon (Paris). Une première depuis août 2023. La ligne avait été interrompue à cause d’un éboulement dans la vallée de la Maurienne (Savoie). De lourds dégâts ont nécessité des mois de travaux pour réhabiliter l’axe qui relie la France à l’Italie. SNCF Réseau parle d’une « opération de sécurisation titanesque ».
Cinq allers-retours par jour sont prévus. Trois sont proposés par la SNCF et deux par Trenitalia. Il faut compter sept heures en train contre une heure et demie en avion, sans prendre en compte l’embarquement et le débarquement. Niveau prix, l’offre est équivalente entre le train et l’avion. Ce qui séduit les voyageurs qui se sont rués vers les premières réservations. La SNCF a enregistré « 110 000 réservations entre ce jour et la fin août : c’est +8 % par rapport à 2023 », a détaillé la compagnie dans un point presse ce lundi.
Des économies jusque sous la douche
Gagner des points en économisant de l’eau pour se laver ? C’est l’expérimentation proposée dans des hôtels par l’entreprise Luniwave. Avec Lunishower, un boîtier créé par la société, les clients se fixent une limite de consommation d’eau. 40, 50 jusqu’à 100 % de l’objectif.
S’ils atteignent leur but, les clients ont des points : les Green Miles. Ils les utilisent pour boire un cocktail gratuitement au bar de leur hôtel par exemple. « Nous constatons en moyenne une économie de 30 % d'eau sur les douches équipées », constate Caroline Prodhon, directrice marketing du Sofitel à Marseille, un hôtel testant le dispositif, pour Les Echos Week-End.